Lors d'une conférence de presse à Conakry, le Premier ministre Amadou Oury Bah a vigoureusement rejeté les rumeurs selon lesquelles un soutien politique à la candidature du président de la transition serait conditionné par la nomination d'un membre d'une région spécifique à la tête du gouvernement. Un discours ferme qui réaffirme son engagement à éloigner les pratiques ethniques du jeu politique, tout en mettant en lumière les défis sous-jacents de la transition en Guinée.
« Cette rumeur prospère, mais elle ne repose sur rien », a tranché le chef du gouvernement, d’un ton sec, balayant d’un revers de la main toute tentative d’ethnicisation de la vie politique.
Un rejet sans appel des pratiques du passé
Sans mentionner explicitement la région en question, Amadou Oury Bah a tenu à remettre les pendules à l’heure. « Nous n’allons pas organiser les assises nationales, tirer les leçons du passé, pour ensuite revenir aux mêmes mécanismes mentaux qui dictent que tel poste doit revenir à telle région en échange d’un soutien politique », a-t-il affirmé avec force.
Dans son intervention, le Premier ministre a dénoncé des pratiques qu’il juge révolues, évoquant une époque marquée par des marchandages d’un autre temps. Dans une critique à peine voilée de l’ancien régime d’Alpha Condé, il a lancé : « Les gens vivent dans le passé tout en étant physiquement dans le présent, et c’est ce qui fait qu’ils restent en arrière-plan. »
Une mise au point stratégique
Au-delà du ton ferme adopté par le chef du gouvernement, ce rappel à l’ordre sonne comme un message clair : sous sa direction, les calculs ethniques ne doivent plus dicter les choix politiques. Cette sortie intervient alors que la transition guinéenne est scrutée de près, notamment sur la question cruciale de l’organisation des élections à venir.
Mais en creux, une question demeure : cette rumeur est-elle réellement infondée, ou traduit-elle des tensions sous-jacentes à l’approche d’une présidentielle décisive ? Une certitude s’impose : en Guinée, la question des équilibres régionaux reste un sujet brûlant, et les prochaines étapes de la transition seront décisives pour trancher ce débat de fond.
Abdoul Chaolis Diallo