Dans l’ombre de son exil, loin des rues poussiéreuses de Conakry, Alpha Condé observe. Silencieux, mais attentif. Jusqu’à ce jour où, ne pouvant plus contenir sa colère, il prend la parole. Son canal ? Une simple publication Facebook, un cri numérique lancé à travers l’espace virtuel, là où ses partisans l’attendent encore, suspendus à ses mots comme à une promesse inachevée.
Son message claque comme un ordre de bataille. D’un ton martial, il exhorte les siens à tenir bon, à ne rien lâcher. La junte en place ? « Des forces du mal, illégitimes et impopulaires. » La suspension de son parti, le RPG Arc-en-ciel ? « Un non-événement », balaye-t-il d’un revers de main. Pour lui, ces décisions ne sont que des secousses sans lendemain, de simples soubresauts sur le chemin inévitable du retour. « On ne muselle pas un peuple libre ! » martèle-t-il, ressuscitant cette flamme militante que le temps et la répression ont cherché à éteindre.
Dans son esprit, rien n’est fini. Il ne parle pas en ancien chef d’État déchu, mais en président en exercice, en leader dont l’histoire n’a pas encore tourné la page. Il voit son retour comme une évidence, une suite logique que seuls les aveugles refusent d’admettre. « La victoire viendra », prophétise-t-il, avec cette assurance qu’il n’a jamais perdue.
Mais à qui s’adresse-t-il vraiment ? Aux siens, dispersés, désorientés, pour les maintenir debout malgré les coups portés à leur parti ? À la junte, pour lui rappeler qu’il reste un acteur incontournable du jeu politique guinéen ? Ou bien à l’Histoire, cette juge implacable, pour graver son nom parmi ceux qui refusent l’oubli ?
Une chose est sûre : son cri n’est pas passé inaperçu. Reste à savoir s’il résonnera au-delà des écrans, dans une Guinée où le temps, parfois, transforme les rêves en illusions.
Amadou Diallo