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Hier soir, au Centre Culturel Franco-Guinéen, Moussa Yéro Bah, militante reconnue des droits humains, assistait à la projection du court-métrage « Seleelan », produit par la Fondation Soul Bang’s & Manamba Kanté pour l’Humanité. Ce film, qui dénonce les mariages d’enfants et les violences physiques et psychologiques qui en découlent, a marqué l’activiste, présidente de l’ONG Femme, Développement et Droits Humains en Guinée. Mais au-delà de la réflexion, elle lance un vibrant appel aux artistes et leaders d’opinion guinéens pour prendre part activement à ce combat.

Un fléau persistant

« Seleelan met en lumière des réalités qui gangrènent nos communautés : mariages précoces, violences physiques, privation des droits fondamentaux des filles – éducation, liberté de choix, et émancipation. » Pour Moussa Yéro Bah, ce court-métrage est un cri d’alarme, un miroir tendu à une société qui, souvent, ferme les yeux sur ces pratiques pourtant condamnées par la loi.

La militante déplore la résilience de certaines coutumes : « Les vieilles habitudes ont la peau dure. » Elle en appelle donc à une mobilisation collective : artistes, journalistes, autorités publiques et société civile.

Le rôle crucial des artistes

Les artistes, estime Moussa Yéro Bah, jouent un rôle déterminant dans cette lutte. « Ils sont des leaders d’opinion, leurs voix portent, particulièrement auprès de la jeunesse. » Elle félicite Manamba Kanté et Soul Bang’s pour leur engagement à travers leur fondation et les exhorte à inspirer d’autres figures du monde culturel.

Cependant, la tâche est immense : « C’est un combat de longue haleine. Malgré les efforts déployés depuis des années, le bout du tunnel est encore loin. » Pour elle, un soutien accru de l’État, des institutions nationales et internationales est indispensable.

Faire appliquer la loi : un défi de taille

Moussa Yéro Bah ne se contente pas de sensibiliser. Elle interpelle aussi le pouvoir judiciaire, lui demandant de faire respecter la loi en dépit des interférences socioculturelles qui entravent son application. « Les arrangements extra-judiciaires ne font que perpétuer l’injustice. » Elle plaide pour une justice intransigeante, à l’image de l’agent déterminé présenté dans le film.

Langues locales : un levier puissant pour sensibiliser

Autre élément clé du film qui a retenu l’attention de l’activiste : l’utilisation des langues locales pour transmettre le message. Elle insiste sur l’importance de parler aux populations dans leur propre langue : « La majorité de nos concitoyens est analphabète. Lorsque vous vous adressez à eux dans leur langue, le message passe mieux. »

Cet appel trouve un écho dans le projet de constitution en gestation, qui prévoit l’enseignement des langues nationales dans les écoles. Une mesure qui, si adoptée, pourrait valoriser les richesses linguistiques du pays et renforcer les campagnes de sensibilisation.

Un combat collectif

Face au fléau des mariages précoces, Moussa Yéro Bah appelle à une synergie des efforts : artistes, communautés, institutions et gouvernants doivent unir leurs forces. « Bravo à toute l’équipe de “Seleelan” ! Leur travail est un modèle à suivre pour éveiller les consciences et accélérer le changement. »

Dans une société où la voix des artistes est si puissante, leur engagement peut réellement faire la différence. Pour Moussa Yéro Bah, l’avenir des jeunes filles guinéennes en dépend.

Algassimou L Diallo