Mercredi dernier, au Centre Culturel Franco-Guinéen, la projection du court-métrage Seleelan, réalisé par la Fondation Soul Bang’s et Manamba Kanté pour l'Humanité, a capté l'attention de nombreux spectateurs, dont Moussa Yéro Bah. Présidente de l'ONG Femme, Développement et Droits Humains en Guinée (F2DHG), elle a pris la parole après la projection pour souligner l'importance de ce projet et lancer un appel aux artistes à s'engager activement contre les mariages d'enfants.
Le film, qui met en lumière les dangers et les souffrances liés aux mariages précoces, va au-delà de la simple dénonciation des pratiques traditionnelles. Il aborde également la violence physique et psychologique subie par les jeunes filles. « Le film dénonce non seulement le mariage des enfants, mais aussi la violence corporelle infligée à la petite fille, les coups visibles sur son corps témoignent de la brutalité qu’elle a subie. Cela va au-delà de la violence physique, c'est une forme de violence psychologique, une tentative de lui ôter son droit à l’éducation, à choisir son futur, à décider avec qui elle veut vivre », explique Moussa Yéro Bah.
Elle met également en avant l’importance d’une diffusion large de ce message, soulignant que les anciennes coutumes, malgré les lois, continuent de perdurer. Selon elle, les leaders d’opinion, en particulier les artistes, jouent un rôle crucial dans la sensibilisation de la population. « Les artistes sont des leaders d’opinion. Leur voix porte, surtout auprès de la jeunesse. Leur engagement est essentiel et il faut encourager d'autres artistes à suivre cette voie », insiste la militante.
Moussa Yéro Bah exprime sa gratitude envers les initiateurs du film, Soul Bang’s et Manamba Kanté, et appelle à un soutien institutionnel renforcé : « Ce combat est de longue haleine. Les autorités et les partenaires nationaux et internationaux doivent soutenir ces initiatives. Le chemin est encore long, mais chaque action compte », ajoute-t-elle.
En plus du contenu du film, Moussa Yéro Bah a salué l'utilisation des langues locales, ce qui, selon elle, permet de rendre le message plus accessible. « La majorité de la population en Guinée est analphabète. Parler dans la langue des gens permet de mieux faire passer le message. Il est crucial de continuer à utiliser les langues locales dans la sensibilisation pour toucher un maximum de personnes », a-t-elle souligné.
L'engagement de l'artiste et la force du message délivré dans le film Seleelan ont trouvé un écho auprès de la présidente de F2DHG, qui a conclu en félicitant l’équipe du film pour son travail, tout en appelant à une meilleure application des lois contre les mariages précoces, et à une prise de conscience collective des conséquences dramatiques de ces pratiques sur les enfants.
Amadou Diallo