La scène politique guinéenne est à nouveau secouée, cette fois par la défection de quatre des principaux acteurs de l’Union Sacrée, une coalition née dans l’espoir de contrer la junte militaire en place. Les partis ANAD, FNDC Politique, RPG Arc-en-ciel et UFC ont claqué la porte, accusant la coalition de trahir ses idéaux fondateurs. Ce coup dur met en lumière les fragilités internes d'une alliance qui, aux yeux de beaucoup, portait les espoirs d'un changement démocratique en Guinée.

L’implosion d’une alliance fragile

Lancée en avril 2024, l'Union Sacrée devait être une réponse forte à l'intransigeance de la junte, avec pour objectif d'imposer l'organisation d'élections d'ici la fin de l'année. Mais à peine quelques mois plus tard, cette coalition vacille. Les partis dissidents, dans une déclaration empreinte de déception, dénoncent ce qu’ils qualifient de "trahison" de l’esprit fondateur de la plateforme. Selon eux, l’Union s'est éloignée de sa charte originelle, celle qui appelait à l’unité pour obtenir soit des élections avant le 31 décembre, soit un départ pur et simple de la junte.

Le point de rupture

La situation a rapidement dégénéré : les décisions se prennent sans réelle concertation, et les discours publics diffusent des messages incohérents, en total décalage avec la ligne initiale de la coalition. Devant cette dérive, les partis concernés ont fait le choix de la rupture, annonçant leur retrait immédiat de l’Union Sacrée. Cette décision marque la fin d’une union qui, pourtant, était perçue comme une alternative solide à l'autoritarisme militaire.

Quel avenir pour la coalition ?

L’Union Sacrée, vidée de certains de ses piliers, semble aujourd’hui en proie au doute. L’influence de la coalition, autrefois perçue comme un rempart contre la junte, est désormais affaiblie. Si cette rupture fragilise l'opposition, elle ouvre surtout la porte à une réorganisation interne qui pourrait redéfinir les priorités de la plateforme, au risque de brouiller encore davantage son image. Le silence de la junte face à ces développements en dit long sur l’impact que cette implosion pourrait avoir sur la scène politique nationale.

La grande question qui se pose désormais est simple : l'Union Sacrée peut-elle survivre à cette crise ? Les prochains mois seront décisifs pour évaluer si cette coalition, autrefois perçue comme une force motrice du changement, peut encore prétendre peser sur l'avenir politique du pays. Une chose est certaine : avec ces défections, le projet de contrer efficacement la junte est sérieusement remis en question, plongeant la Guinée dans une nouvelle période d’incertitude.

Alpha Amadou Diallo